Faire sa part !

Je ne sais pas c’est une chance, mais je ne souffre pas trop d’éco-anxiété (angoisses liées au changement climatique). Je suis assez convaincue que l’homme s’adaptera et que tout cela finira par se réguler, de gré ou de force.

Mon angoisse, grandissante depuis quelques temps est justement dans le risque que tout cela finisse par se réguler par la force et la violence. Mon angoisse est d’ordre sociale et collective.

Sommes nous prêts collectivement à vivre ces grands changements sans que cela bascule dans le chaos ?

Sommes-nous suffisamment pacifiquement armés pour passer les crises qui nous attendent en arrivant à nous relever sans trop de dommage et de souffrance ?

Les générations précédentes nous ont-elles suffisamment éduqués à l’esprit critique, à la gestion des divergences, à la gestion de crise, à la vivre les uns avec les autres durant les crises, à la coopération pour que nous soyons résilients et solidaires ?

Quand je vois comment fonctionnent nos instituions démocratiques (ce qualificatif est-il d’ailleurs encore à propos ?), comment le marché de l’information alimente la division de la société. Quand je constate tristement que notre démocratie est en train de prendre l’eau de toute part, quand je vois la rage sociale, la rage écologique, les mouvements radicaux qui émergent…

J’ai peur ! Tellement peur.

Quand on sait que primitivement la peur était l’émotion permettant de se mettre en mouvement pour se sauver, je me dit qu’il vaut mieux que je ressente de la peur plutôt que de l’indifférence, mais c’est vraiment pas confortable !

Je ne sais pas s’il y a un mot pour ça. Une socio-anxiété ?

Je n’ai pas beaucoup de solutions à tout ça. Je me sens vraiment démunie.

La seule chose que j’ai trouvé pour me sentir utile, et faire ma part c’est diffuser et d’œuvrer à faciliter l’Esprit de Coopération là où c’est à ma portée. Faire comprendre que la divergence est riche et fertile. Qu’on a tous plus à gagner à coopérer plutôt qu’à se diviser dans une compétition morbide !

J’aimerais faire germer l’idée que notre monde en souffrance fait grandir le besoin d’empathie, partout, chez toustes. Qu’on devrait être formé à l’empathie, dès le plus jeune âge ! Les enfants ont cette compétence assez naturelle, mais elle est tuée dans l’oeuf par tout l’esprit de compétition que l’école distille petit à petit dans leur fonctionnement cognitif ! On devrait éduquer à la Paix aussi !

Bref, il y a tant de choses à faire, c’est un chantier pharaonique, vertigineux. Quand je suis prise de ce vertige, devant cette immense faillite de notre société humaine, j’essaie de me rappeler que la peur invite à agir, et que la clé pour faire taire cette angoisse est de se mettre en mouvement, en action, à sa hauteur, en respectant ses limites, sans s’épuiser non plus.

Je me rappelle aussi cette métaphore du masque à oxygène dans l’avion. On ne peut pas aider les autres à mettre leur masque à oxygène, si on ne mets pas soi-même en premier ce masque. Prendre soin de soi permets de prendre soin des autres. Et là aussi, sous couvert d’atteindre le bonheur, la société nous fait croire qu’il n’est pas bon de ressentir des choses désagréables, qu’on a pas le droit d’avoir des moments de « moins bien ». Le prendre soin de soi se limite à l’idée que cela doit nous aider à être plus performant ! Mais là où on devra performer dans l’avenir est dans nos collectifs, dans notre capacité à prendre soin des uns et des autres et du bien commun ! Il est plus qu’urgent de s’en rendre compte et de se relever les manches !

Bref. J’ai peur.

Alors je me raccroche aussi à ces moments de facilitation, où je vois un groupe converger vers une décision dans le consentement et en prenant en compte les divergences de chacun. Je me rappelle que c’est possible. Que c’est beau, puissant et que cela ressemble à un futur désirable. Je m’attache à cheminer auprès de ces humains que je croise de plus en plus qui, comme moi, font leur part. Je me nourris de leurs initiatives, de leur énergie, iels permettent que la petite flamme de l’espoir ne s’éteigne pas complètement en moi.

Mon activité professionnelle est autant une façon de diffuser ce en quoi je crois, mais c’est aussi mon ancrage pour ne pas perdre espoir !

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